Le développement logiciel s'inspire depuis plusieurs années des techniques d'improvisation. En 1999 paraissait un article intitulé : "Improvisation in Small Software Organizations". "Néanmoins pour la plupart des petites organisations dédiées au logiciel, la réalité quotidienne est non déterministe, multidimensionnelle et implique une négociation constante entre les groupes travaillant sur le logiciel. La plupart des grandes organisations en cas de turbulence se réfugient dans la routine alors que les petites explorent de plus en plus. Ainsi les bonnes pratiques ont tendance à enliser le système qui devient de moins en mois ouvert au changement. Dans le développement logiciel, il faudrait être capable d'apprendre de ses erreurs et transformer celles-ci en opportunités d'apprentissage." Rigueur et spontanéité conjuguées, les techniques modernes de développement logiciel sont en réaction face aux techniques classiques réputées lourdes, académiques et trop formelles. Elles se nomment méthodes agiles. Exemple : l'extrême programming, l'une des plus connues des méthodes agiles. Elle met l'accent sur les valeurs de courage, de travail en commun, de simplicité et promeut en permanence le feedback. La notion supplémentaire de "métaphore" est une manière de décalage qui facilite la communication entre membres de l'équipe pour décrire la complexité des applications. Courageux, le développeur agile n'hésitera pas à jeter son travail par la fenêtre s'il ne marche pas. Il travaillera le plus souvent avec un collègue et privilégiera l'échange avec ses pairs. Autre exemple récent : Erich Gamma après avoir développé Eclipse, un des "open-source" le plus populaire au monde pour les développeurs vient de concevoir Jazz, un outil permettant une collaboration et une transparence constante entre les équipes de développement logiciel. D'ailleurs sa prochaine conférence présentant cet outil inspiré et adapté des techniques agiles s'intitule sans surprise : "Developing Software like a band plays Jazz".
Autre Article : The Role of Improvisation in Off-the-Shelf Software Development of
Entrepreneurial Vendors
Voici un extrait d'un l'article paru le 7 septembre 2004 dans le NYT. Kathleen Tierney, professeur de sociologie à l'université du Colorado, a travaillé sur l'ouragan Andrew, les émeutes de Los Angeles et une succession de tremblements de terre violents en Californie. Elle nous raconte la journée du 9/11 sous l'angle de l'improvisation... «Les catastrophes créent une interruption de la routine. Nous voyons ce que les sociologues appellent « convergence de masse. » Il y a un flux localisé de personnes, de ressources, de medias. Vous voyez la même chose pendant les tremblements de terre et les ouragans. Dans ce genre d'évènement, il y a un brouillage du rôle des professionnels et des citoyens ordinaires. Le volontariat devient intense. Spécifiquement, le 9/11, à l'intérieur des tours jumelles, les gens se sont aidés à sortir, ce qui explique que la plupart des personnes qui étaient sur les planchers au-dessous des points d'impact ont survécu. Dans les hôpitaux, les gens se sont portés volontaires pour donner leur sang. Une des premières choses remarquables à New York était la qualité des interactions entre les personnes, s'inquiétant et prévenant. J'ai également vu l'importance de l'événement dans les yeux des ouvriers délégués d’urgence. Vous voyez ceci dans tous les désastres, il y avait cette électricité douce entre eux. Une autre chose que nous avons immédiatement noté était qu'il y avait beaucoup d'improvisation. De nouveau, ceci se produit dans les ouragans, tremblements de terre, éruptions volcaniques. À New York, vous avez eu cet événement incroyablement complexe - quelque chose de l'ordre d'une catastrophe naturelle, mais également une scène criminelle. En même temps, le centre exécutif de la ville pour le World Trade Center avait été détruit dans l'attaque et la structure de commande avait été brisée. Les gens ont dû improviser. Et c’était une bonne chose. Une des choses classiques que vous voyez dans une crise est le processus de décentralisation de l’autorité aux niveaux les plus bas des échelons des organisations et cela se produit, en partie, parce qu'il y a beaucoup de décisions à prendre. En outre, la prise de décision pertinente doit être relative à ce qui se produit à un endroit donné. Le commandement centralisé est trop loin pour cela. Vous voyez généralement les personnes prendre la responsabilité elles-mêmes. Ainsi les désastres peuvent être une expérience de démocratisation. Si vous lisiez le rapport de la Commission de 9/11, dans les premières minutes après les attaques, un contrôleur de la navigation aérienne a demandé à tous les vols commerciaux de quitter le ciel de New-York. Maintenant, cette personne n'a pas attendu qu’on lui donne l’ordre pour cela. Elle s'est dit, « dans ces circonstances, ceci semble raisonnable. » C'est une prise de décision classique dans la crise. Ceci s'appelle « l'intelligence distributive». Quand quelqu'un dans un réseau a une bonne idée et le courage de se tenir prêt. Et une des forces de notre culture est qu'elle autorise des personnes en position de pivot à faire ces choix. Si nous détruisons cela, nous aurons détruit quelque chose d’extrêmement valable en termes d’adaptation à l'imprévisible. Aux dires d'Anne Applebaum dans le Washington post et John Tierney, quelques années plus tard, la catastrophe de Katrina n'a malheureusement pas retenu les leçons du 9/11 septembre. Le gouvernement sous l'égide de la FEMA a centralisé les prises de décisions et on ne compte plus les erreurs commises, les injonctions à respecter les procédures qui ont empêché nombre d'initiatives individuelles improvisées.
Cela vient d'Allemagne. Loin du formalisme du séminaire d'entreprise. Cela s'appelle le powerpoint karaoke.. "Son principe: les candidats doivent improviser, durant cinq minutes, une présentation sur la base d'un document PowerPoint (logiciel de Microsoft utilisé pour les conférences) pêché au hasard sur internet. L'objectif: donner l'impression que l'on maîtrise son sujet tout en amusant l'auditoire."
Le onzième principe de l'impro est celui qui consiste à balancer par la fenêtre toutes les règles apprises de l'impro. Ce principe me paraît indispensable pour ne pas enfermer l'impro dans un carcan et éviter de se donner l'illusion qu'on puisse complètement la maîtriser. On peut analyser ainsi les principes de l'impro comme des règles de savoir-vivre qu'il convient d'oublier un peu une fois qu'on les connaît. Nous avons parfois en tant qu'improvisateurs et formateurs, la fâcheuse habitude d'instituer des remarques provisoires (destinées par exemple à faciliter la progression du débutant en lui balisant le terrain) en règles institutionnelles. Citons quelques règles dont nous pourrions discuter la mise à mal comme Keith Johnstone s'étonnait de la perpétuation de la règle consistant à ne pas poser de questions.
<a href="http://www.comedie-francaise.fr/biographies/page_bio.php?id_chrono=458">Catherine Hiegel</a> récite ici <a
href="http://www.improse.net/res//labaladedeChalclintlicuc.mp3">"la balade de Chalclintlicuc"</a>: un texte dont la fonction est de faire appel aux capacités d'articulation des éléves
des cours de théâtre. Ce texte a servi à toute une génération d'acteurs des cours d'art dramatique en France.
<em>"De Pernanbouc au Potomac
L'antique Inca lègue aux métèques
Sa brocante et son bric-à-brac
En vrac avec que ses pastèques.
Mainte statue en stock d'Aztèques
Maints masques de caciques en stuc
Sculptés en stock pour Glyptothèque
Au temps du grand Chalclintlicuc
Lequel n'ayant fait qu'un micmac
Du sachem des cercopithèques
Sur mille écorces de sumac
Dénombra ses pinacothèques
Puis fit par septante archevêques
Translater en copte Habacuc
D'apres les palimpsestes tchèques
Au temps du grand Chalclintlicuc
Mais ce fut sous Manco Gapac
Qu'osques, kiosques étrusques Equer
Suivis de menhirs de Karnak
Qui se repaissaient de beeftèques
Jettèrent chez les Yucatèques
L'immense aqueduc du trou d'Uk
Sur les monts Chiquisicathèques
Au temps du Grand Chalclintlicuc
Envoi
Prince, Les anthropopithèques
N'ont rien bâti qui fut caduc
On conservait les hypothèques
Au temps du grand Chalclintlicuc"</em>