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1 octobre 2008 3 01 /10 /octobre /2008 00:00
On me faisait remarquer un jour qu'un spectacle d'impro ne devait pas ressembler à un happening**. Les improvisateurs cherchent le plus souvent à blinder le spectacle et le cérémonial, de peur de passer pour de simples amateurs, surtout par rapport au théâtre formel. Pourtant, si le happening devrait avoir droit de cité, c'est bien dans le spectacle d'improvisation. Avec le temps, lorsque l'improvisation théâtrale se sera prouvé sa maturité, on peut imaginer qu'elle pourra revenir à une plus grande prise de risques, ce qui fait son essence. De la même façon, les improvisateurs ne craignent qu'une chose, c'est le bide. Néanmoins, s'il y a un spectacle où le bide devrait être admis, c'est bien l'improvisation théâtrale. Keith Johnstone feraille dur à mettre en lumière cette idée. Prenez-vous des bides, d'accord mais gardez votre bonne humeur. Attendez le retour de la grâce qui est capricieuse et ne vous formalisez pas si elle s'en va. De même, quand elle vous habite, considérez que vous n'y êtes pour rien. **HAPPENING, substantif masculin -Spectacle qui, se déroulant aussi bien dans la rue, prend la forme d'une improvisation qui cherche à provoquer la réaction spontanée et créative des spectateurs.
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30 septembre 2008 2 30 /09 /septembre /2008 00:00
Michael Chekhov s'est formé avec Stanislavski. Il avait une imagination foisonnante et a très tôt rejeté l'hypothèse de Stanislavki sur la mémoire sensorielle. Hypothèse qui consistait à aller chercher dans ses souvenirs les émotions passées pour pouvoir s'en inspirer ou les reproduire sur scène. Il a construit une véritable mécanique de construction du personnage basée sur l'imagination et le corps et non pas sur la mémoire affective. Il propose l'exercice suivant qui, cette fois, utilise la mémoire de l'acteur : se souvenir de son dernier rêve et inventer un style théâtral à partir de celui-ci.
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20 septembre 2008 6 20 /09 /septembre /2008 00:00
Vu le film de Doillon tiré de la pièce de Nathalie Sarraute "Pour un oui, pour un non" interprété par Jean-Louis Trintignant et André Dussolier. Le style de cette pièce pourrait constituer une catégorie d'impro à lui tout seul ou tout au moins un exercice qui nous permettrait de travailler à contre-courant de nos habitudes. Nous travaillerions ainsi : le ralentissement du jeu avec les silences, la locution récurrente "C'est bien... ça" qui rythme la scène, L'offre aveugle (on ne sait pas de quoi on parle mais on en parle), l'art de laisser planer des mystères sans les dévoiler, l'art de faire beaucoup avec presque rien: un mot, une intonation. Voici un extrait... H. 1 : C’est pour ça qu’avec moi, tu as pris des précautions… rien de voyant. Rien d’ouvert… H. 2 : On peut me comprendre… “ Rompt pour un oui ou pour un non… ” Tu te rends compte ? H. 1 : Maintenant ça me revient : ça doit se savoir… Je l’avais déjà entendu dire. On m’avait dit de toi : “ Vous savez, c’est quelqu’un dont il faut se méfier. Il paraît très amical, affectueux… et puis, paf ! pour un oui ou pour un non… on ne le revoit plus. ” J’étais indigné, j’ai essayé de te défendre… Et voilà que même avec moi… si on me l’avait prédit… vraiment, c’est le cas de le dire : pour un oui ou pour un non… Parce que j’ai dit : “ C’est bien ça ”… Oh pardon, je ne l’ai pas prononcé comme il le fallait : “ C’est biiiien… ça… ” H. 2 : Oui. De cette façon… tout à fait ainsi… avec cet accent mis sur le “ bien ”… avec cet étirement… Oui, je t’entends, je te revois… “ C’est biiiien… ça… ” Et je n’ai rien dit… et je ne pourrai jamais rien dire… H. 1 : Mais si, dis-le… entre nous, voyons… dis-le… je pourrai peut-être comprendre… ça ne peut que nous faire du bien… H. 2 : Parce que tu ne comprends pas ? H. 1 : Non, je te le répète… je l’ai sûrement dit en toute innocence. Du reste, je veux être pendu si je m’en souviens… J’ai dit ça quand ? A propos de quoi ?
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15 septembre 2008 1 15 /09 /septembre /2008 00:00
Le début du XXième siècle au théâtre avec les travaux de Stanislavki, c'est un peu comme la mécanique quantique en physique. Des avancées considérables ont été réalisées sur la science de l'art du théâtre comme en physique. Il est probable que sans Stanislavski et ses tâtonnements, nous ne ferions pas de l'impro comme nous en faisons aujourd'hui. Stanislavski et ses "disciples" ont laissé quantité d'exercices dont nous nous inspirons chaque jour en atelier sans jamais nous en rendre compte. Cela ne rendra évidemment pas meilleur un acteur de savoir que tel exercice a été inventé par Stanislavski, Vakhtangov, Chekhov ou Meyerhold. Néanmoins je ne résiste pas au plaisir de donner l'exemple de l'exercice du miroir qui fait partie du patrimoine du théâtre. Cet exercice a été inventé dans les années vingt par Vakhtangov.
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25 août 2008 1 25 /08 /août /2008 00:00
Une cinquantaine de personnes assiste ce mois d'août à la conférence de Charna Halpern "Impro et communication" au CERN à Genève. Étonnante rencontre entre la complexité de la physique et le monde de la communication et de l'improvisation. Charna décline de ce que l'école du Longform de Chicago considère comme les principes essentiels de l'improvisation : Oui et, écoute, authenticité (Be honest), "L'erreur n'existe pas": tout est recyclable, ne pas chercher à être drôle et rester vrai(There's nothing funnier than the truth) , "Make the other looks good", l'esprit de groupe (group mind). Ses principes sont détaillés dans son premier livre "Truth in comedy". Occasion pour elle de rendre un vibrant hommage à celui qu'elle considère comme son mentor en Impro "Del Close". La conférence est illustrée par des exercices d'improvisation réalisés avec deux de ses assistants. Le public est convié pour réaliser une petite narration dans l'exercice "conducted story". La question de la peur est évoquée : Charna affirme que faire de l'impro, c'est aussi l'art de transformer sa propre peur en énergie positive. Elle s'amuse également à faire des rapprochements entre des énoncés de physique et les principes de l'impro. En regard de cette exposition des principes de base, elle décrit certaines techniques comme les "patterns", ces procédés de base récurrents qui permettent de construire solidement une impro si les comédiens les repèrent rapidement. La règle de 3 : si un élément apparaît 3 fois, il devient comique. Le lendemain, un atelier d'improvisation de 3 heures permet de mettre en pratique ces principes. Un premier exercice d'échauffement pour démarrer l'atelier est celui des balles imaginaires qui sont échangées entre les participants : "Red Ball" "Thank you red ball!" Le second consiste à former par groupe de deux les lettres de l'alphabet le plus rapidement possible. Le troisième exercice "Three-line scenes" consiste à tenter en 3 répliques à créer un univers clair et précis entre deux personnes. "- Vous dansez très bien! - Ah, vous l'avez remarqué - Vos chaussons dorés semblent vous faire léviter" Après chaque exercice, avec pédagogie, Charna demande : "Qu'avez-vous appris de cet exercice?". L'exercice "Cocktail Party" nous fait toucher du doigt les fondements du longform : improvisations longues. 5 groupes de deux personnes entament une conversation. Certains mots ou thèmes pénètrent petit à petit les différents groupes. L'exercice suivant consiste à tenter d'établir une relation forte entre les protagonistes le plus rapidement possible dans un lieu suggéré. Le moindre manque d'écoute retarde l'échéance d'une véritable communication. Le dernier exercice "Monologues" se base sur une histoire contée sans artifice par un premier improvisateur. L'histoire doit être la plus spécifique possible, ne pas manquer de détails de manière à inspirer les futurs protagonistes dans une seconde impro. Charna Halpern forte d'une expérience unique dans le monde de l'improvisation nous fait partager celle-ci. Son approche réclame une profonde authenticité de l'acteur. Pas de cabotinage, des sentiments réels, le comique doit émerger spontanément de la situation. Dans cette même perspective "Slow down" s'écrit-elle, l'honnêteté de l'acteur réclame parfois de la lenteur et un peu de réflexion avant de se lancer. Lire l'article du Wall Street Journal et voir la vidéo "Two Protons Walk Into a Black Hole, And Other Jokes Physicists Tell".
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20 août 2008 3 20 /08 /août /2008 00:00
Ce projet me tenait à coeur depuis quelques années. La maison est prête à accueillir une dizaine de participants, dans la plus grande convivialité. Voici mon projet... Je vous invite du vendredi 15 au dimanche 17 août dans une maison familiale de village près de Luxeuil-les-Bains à 4 heures de Paris, 3 heures de Genève, 1 h de Bâle pour un stage de 3 jours consacré à l’improvisation.
Nous explorerons entre autres les thèmes suivants : - Distraire "le censeur" et oser se lancer en faisant confiance à sa première idée - Percevoir et écouter o Faire taire ou contrôler le censeur o S’orienter avec le groupe - Passer du corps à l'écriture orale o Poésies/Slam ou histoires improvisées o Improvisation solo et monologues. o Longues impros de groupe Horaires d’atelier 11h-13h et 14h30-17h30 20h-22h Bœuf impro en plein air au coucher du soleil Les tarifs sont les suivants : Stage + hébergement en chambre double + repas (Petit Déjeuner + repas du soir vendredi et samedi + repas de midi le dimanche) : 190 € Accompagnateur bienvenu - hébergement en chambre double + repas : 80 € Amener literie ou sacs de couchage Possibilité d’arriver le jeudi soir… Nombre de participants : entre 8 et 12 maximum Arrhes : 50 € Inscription et renseignements par email christophe@impro.ch Renseignements téléphoniques : +33384959609
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6 juillet 2008 7 06 /07 /juillet /2008 00:00
Ecrire un nouveau message sur le blog, c'est un peu comme lancer une nouvelle réplique à la cantonnade, le partenaire étant ma perception de l'improvisation théâtrale. Après chaque message, je ne sais fichtre rien ce que je vais bien pouvoir raconter la prochaine fois et j'adore le moment où une nouvelle idée vient à l'esprit. C'est les vacances, le maitre de cérémonie vient de marquer la pause. Désormais, il est temps de prendre quelques repos et de se ressourcer. Retour sans doute en septembre.
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5 juillet 2008 6 05 /07 /juillet /2008 00:00
Je relis le livre des exercices de Patrick Pézin. Le chapitre intitué "Les dits de Radu Penciulescu" est tout à fait saisissant. "C'est ça la présence supérieure. C'est une présence active, dans laquelle je suis prêt à réagir à n'importe quel stimulus qui vient de n'importe où. C'est une sorte de paix avec moi-même et une sorte d'oubli de moi et de mes problèmes pour savoir où l'on a besoin de moi.(p338)". Ces trente pages sont d'une grande densité qu'on se désigne acteur ou improvisateur. "Rappelez-vous sans cesse que votre concentration et votre capacité de focaliser toutes vos énergies doivent se diriger vers le monde et non vers vous-mêmes." Ces pages contiennent de plus un certain nombre d'exercices de perception, d'orientation et de concentration. A lire et relire. "Vulnérabilisons-nous. Faisons des choses que nous n'avons pas l'habitude de faire."
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30 juin 2008 1 30 /06 /juin /2008 00:00

On pourra relire ce message intéressant paru sur impro-france.com. Pascal y parle de l'impro aux USA et notamment du coaching. L'auteur considère, vu des US qu'il y a deux personnes aujourd'hui dont les idées prédominent : Keith Johnstone et Mike Napier. Que ces deux maîtres de l'impro mettent particulièrement en avant la spontanéité et la vivacité. Il y a longtemps que j'ai supprimé tout recours au coaching dans mes ateliers. Le coaching existe uniquement sous forme de brain storming, il se réduit pour moi à un art de chercher une idée cohérente le plus rapidement possible. Cette technique peut être utile parfois pour un type d'improvisation que je nommerais "impro avec coaching" ou même "impro avec ébauche de canevas". L'improvisation la plus naturelle étant celle qui démarre sans coaching. De mon point de vue, le coaching est à manipuler avec précaution et surtout il est à supprimer dans les ateliers. Sauf lors d'exercices dédiés. Il donne de mauvaises habitudes aux débutants qui n'osent plus jamais aller sur scène, sans avoir une idée de départ, avant de s'en débarrasser comme un fardeau. Même s'il peut être bon d'avoir une source d'inspiration, le coaching devrait être considéré comme un plus, une cerise sur le gâteau et non comme une norme. En ce sens, il pourrait être utile en spectacle, mais pas en atelier. Cette idée me met en porte à faux, parfois, avec les pratiquants du match d'impro. Alors que le coaching est une pratique correspondante au format du spectacle d'impro, il n'est pas inhérent à l'improvisation. J'adore en atelier, voir des joueurs se projeter sur scène sans avoir la moindre idée de ce qu'îls vont dire dans la seconde qui va suivre...

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25 juin 2008 3 25 /06 /juin /2008 00:00
Dans un livre critique sur le théâtre contemporain, Florence Dupont, spécialiste de théâtre grec, considère que la primauté du texte sur la scène est une construction artificielle inspiré d'Aristote. En son temps, la Poétique fut une machine de guerre contre le théâtre traditionnel. Aristote inventait un théâtre littéraire, élitiste, austère, sans corps ni musique ni dieu : un théâtre de lecteurs. L'idéologie aristotélicienne est plus que jamais présente dans notre théâtre contemporain - souvenons-nous du festival d'Avignon 2005 et des polémiques autour d'Olivier Py et Jan Fabre. Cette idéologie est partout : dans le texte sacralisé, « tout le texte, rien que le texte », dans le récit, surnommé « fable » depuis Brecht, et placé au centre de tout, dans la mise en scène elle-même et la dramaturgie, inventions pourtant récentes. Ainsi, public, metteur en scène et dramaturge se trouvent aujourd'hui réduits à n'être plus que les lecteurs d'une histoire. Aristote a déthéâtralisé, désenchanté le théâtre. Libérer la scène contemporaine, c'est redécouvrir les théâtres ritualisés, ludiques, musicaux. L'aristotélisme moderne a commencé à s'installer avec Goldoni et le siècle des Lumières, au cri de « Dehors les Bouffons ! ». Ce livre voudrait contribuer au retour des bouffons. A défaut de lire ce livre, on écoutera le débat sur France-Culture. On lira un résumé du livre ici.
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