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12 août 2018 7 12 /08 /août /2018 17:49
Le meilleur improvisateur du monde ? Non, merci.

Se donner comme objectif de devenir le meilleur improvisateur du monde semble un objectif intéressant – nous sommes bien entendu au second degré –. Il met l’accent sur un but positif et encourageant pour l’improvisateur.

 

Néanmoins, il se heurte à un mur trop haut à franchir. Devenir le meilleur improvisateur du monde est un objectif impossible à quantifier et à atteindre. Le cerveau le sait et il ne pourra pas nous aider, bien au contraire. De la même façon, il est difficile de se donner des objectifs négatifs, «  je ne veux être un mauvais improvisateur », « je ne veux pas jouer comme X ». Le cerveau serait incapable de les comprendre. 

 

Je m’encouragerais ainsi : je veux être un ("bon") improvisateur. Devenir un improvisateur : un acteur courageux capable de se lancer à la première contrainte prononcée ou suggestion sans se demander si tous les filets sont tendus pour le rattraper, un comédien apte à s’adapter à toute difficulté dans la joie de jouer. Voilà qui est déjà fantastique ! 

 

Faut-il rajouter l’adjectif « bon » devant la dénomination improvisateur. Oui, à condition de savoir ce que l’on entend par là. Si derrière le mot "bon", on assigne des objectifs inatteignables et subjectifs, on peut tomber dans le même travers. Il vaut mieux partir le plus petit possible et laisser cette étiquette libre de son évolution et de son parcours d’improvisateur. Le « bon » pouvant passer de la simple participation à une improvisation jusqu’à celui de tenir une partition pendant de longues minutes.

 

L’idée est de se fixer des objectifs faciles afin de pouvoir les atteindre et de les répéter. Pourquoi ? Parce que, dans ce cas, le cerveau va se prendre au jeu et nous aider. Le corps ravi de cette nouvelle addiction va réclamer ce plaisir et nous entraîner dans un cercle vertueux.

 

On dit souvent : « se planter en impro nous fait apprendre. » « Improviser, c’est prendre des risques. » C’est vrai, mais pour pouvoir accepter le bide sans se brûler les ailes, il faut avoir un ego peu prononcé ou jouer fréquemment afin que le sensation s'efface rapidement pour passer à autre chose.

 

Se fixer des objectifs trop hauts « je veux être un grand improvisateur » peut nous entraîner à l’abandon et la déception dont il faudra du temps à nous remettre. Je préconiserais donc le plus petit objectif possible. Etre un improvisateur. Ce qui est déjà beaucoup, surtout avec la dimension suivante, bien modeste d'apparence : jouer et prendre du plaisir à improviser.


(Ce message n'est pas une critique du livre...)

 

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29 août 2015 6 29 /08 /août /2015 14:04

La plasticité des exercices d'impro permet de s'adresser à des improvisateurs émérites comme à des débutants. J'ai pris l'habitude de rapidement confronter à la scène mes stagiaires d'impro, les débutants d'autant plus.

Voici les exercices que j'utilise le plus souvent en ce moment, parce qu'ils me paraissent très riches et/ou parce qu'ils sont faciles d'abord pour les débutants. Ils permettent de monter un spectacle d'impro en quelques minutes avec des improvisateurs débutants ou non.

On prévoit un maître de cérémonie. On se basera au maximum sur les suggestions du public ou sur des mots ou images retenus au cours de la soirée.

1. Je suis Superman : Je suis Super"X" parce que "j'ai des chaussettes bleues"... à faire répéter aux joueurs tour à tour afin qu'ils se libèrent de la peur de dire des bêtises.

2. Trio Miroir

Les joueurs se suivent l'un après l'autre par le geste et la parole. A prononce "Le temps est à l'orage" en faisant un geste. Les autres joueurs tout de suite après répètent le même geste et la même phrase, l'un après l'autre ou à la suite l'un de l'autre.

3. Chambre d'échos

4 joueurs debout en ligne. Ils répètent une phrase aisément mémorisable dans le ton, à l'identique. Avec 4 joueurs, on aura de 4 à 8 phrases à rejouer. Toutes répétées à l'identique comme les notes d'une partition.

4. "Anamorphrases"

Répéter tous ensemble une phrase proposée par le public une ou plusieurs fois en faisant varier le ton et le style. Exemple : "Au royaume des aveugles, les borgnes sont rois" , à la manière d'un aboiement, d'un moteur, du journal de 20h...

5. Pièce improvisée avec un seul mot

Les joueurs énoncent leurs répliques constituées par un mot et un geste (sans rapport l'un avec l'autre) et sans chercher à construire une histoire logique.

6. Marquage à la culotte

Deux joueurs racontent une histoire simple comme un seul et même personnage avec la consigne de toujours répéter une fois au plus prés ce que dit son partenaire.

6 Sketch à deux en charabia

7 Traduction Charabia : Traduction du compte rendu d'un invité surprise qui parle en langage inventé ou charabia.

8 Compter de 1 à 50 : On pourra faire venir une personne du public sur un impro où le texte consiste à compter de 1 à 50 (L'impro se terminant quand un des joueurs atteint 50)

9 Bibliothèque : Avoir un début de discours ou une déclaration d'amour, le lire et demander aux joueurs d'en improviser la suite.

10 Aboyeur : Proposer un personnage "Vieux grigou édenté lorgnant sur un gâteau à la chantilly" que les joueurs incarnent en avançant de quelques pas avant de se figer tous ensemble sur une même ligne face au public.

11. Jouer une scène dans la catégorie mauvais théâtre et irrespect des principes de l'impro.

12. Rejouer la scène plusieurs fois en divisant le temps par 2 (Peau de chagrin)

Par exemple, ces exercices s'adressent aisément à un mariage ou une fête d'anniversaire où le public s'enthousiasmera facilement d'improvisations uniques et éphémères plutôt que des longs discours préparés à l'avance.

...

Monter un spectacle d'impro sur le pouce
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27 mai 2015 3 27 /05 /mai /2015 16:50

Si le match d'impro est une fantastique école d'improvisation, la puissance de son concept génère quelques défauts spécifiques qui freinent le développement du joueur.
La bonne nouvelle est qu'avec l'expérience et notamment avec celle d'autres concepts d'impro, ces "défauts" (pouvant être pris pour des qualités parfois) disparaissent.

Voici la liste selon moi (non exhaustive) de ces petits travers passagers engendrés par la pratique spécifique du concept du match d'impro.

• Se préocuppe des manies de l'arbitre et du Maître de Cérémonie.
• S'énerve pour des broutilles.
• Rentre à tout bout de champ.
• Se rassure si l'arbitre est rigoureux et se déstabilise s'il n'affiche pas une rigueur maniaque.
• Demande à l'arbitre de répéter ses consignes de jeu.
• Se stresse bien avant le match.
• Se stresse à la mi-temps du match.
• Impute la mauvaise qualité supposée du jeu aux rudesses, aux manques d'écoute et aux refus de l'équipe adverse.

• Prend tout refus de le suivre pour une incapacité de l'équipe adverse.

• Se considère comme nul et stresse s'il ne rentre pas sur scène.
• Se préoccupe des catégories de jeu bien avant le match.
• Ne respecte pas les silences.
• A tendance à bavarder au centre de la scène.
• Se précipite pour faire un caucus, car il se sent démuni sans idée de départ.
• Considère que le public vote en sa défaveur et s'en décourage.
• Donne des consignes aux joueurs en train de jouer sur scène.
• Démarre sur les chapeaux de roues.
• Cabotine.
• Se laisse influencer par les rires du public en négligeant ses silences attentifs.
• N'hésite pas à couper une impro, pour l'emmener ailleurs.

• Tient le crachoir pour gagner l'attention du public au détriment du jeu collectif.

• Ne sait pas s'échauffer seul, ni se préparer seul.

Tahit impro

Tahit impro

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27 avril 2015 1 27 /04 /avril /2015 22:00

Imaginer une improvisation avec deux joueurs les bras ballants empêtrés dans les banalités. Il existe une manière de s'en sortir. C'est de faire appel à ce que j'appelle une dubillardise. En quoi cela consiste-t-il ?

Roland Dubillard est un des grands auteurs du théâtre loufoque et décalé de ces dernières décennies. Il a écrit de nombreux sketchs comme les Diablogues où 2 personnages échangent sur des sujets d'apparence ordinaire. Décédé en 2011, il était un bon acteur. Il a même déstabilisé André Dussolier à force d'improviser ses répliques plutôt que de respecter le texte à la lettre.

Une dubillardise consiste à énoncer avec conviction une phrase simple. Cette annonce est la pierre angulaire de l'impro et toute la suite va en dépendre. Le dialogue explore ensuite toute la "logique" de l'annonce.

L'enregistrement suivant est un excellent exemple du style de Dubillard.

Le premier extrait proposé est une excellent pièce rimée "Si Camille me voyait". Dubillard se permet une grande liberté dans l'application de la rime. (voir par exemple autour des 21:30 mn de l'enregistrement). Exemple : "Vous n'avez donc pas vu mes seins, spadassin!"

 

Les sketchs plus courts qui suivent donnent d'excellents exemples de dubillardises.

1. "Vous avez de très belles lunettes noires sur le nez!"

A partir de cette première annonce, une dubillardise sans décalage apparent, le sketch explore les échanges entre un homme et une femme travaillant dans le noir et dans un magasin d'optique. Il se termine par une nouvelle dubillardise avant que les personnages disparaissent dans le noir en affirmant "je suis un hibou !"

2. "Je suis une pendule!" (6mn15)

Cette annonce débouche sur la psychanalyse d'une pendule réalisée par un psychanalyste dont on découvre qu'il est lui aussi une pendule.

3. "Vous avez l'air triste!" (18mn50)

Cette affirmation, on ne peut plus simple, cache une dubilllardise qui débouche sur la compassion envers la mort d'un petit moineau et d'autres digressions...

Les autres sketchs comportent d'autres petites perles ou dubillardises dans 3 monologues comme "Je passais à travers elle." (29mn40) "Si j'avais pu prévoir une chose si prévisible!". "Je crois que je vais réciter une fable." (40mn)

Les dubillardises
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19 avril 2015 7 19 /04 /avril /2015 23:02

L’entraînement solo en Impro n’est pas une manière de se regarder dans la glace. Il est au contraire particulièrement exigeant. Pourquoi? Parce s’il y a quelqu’un qui ne montrera aucune indulgence, c’est vous-même. Il existe un critère essentiel et rédhibitoire à tout entraînement solo, c’est l’ennui. Votre censeur se lasse très vite et si c’est le cas, il trouve toutes les excuses pour ne pas recommencer. Dites-vous bien que si vous arrivez à amuser votre censeur quelques minutes, faire de même face à un public paraîtra plus facile. L’entraînement solitaire doit être court et régulier. 5 minutes par jour (soit 1 ou 2 exercices max ) peuvent déjà apporter des résultats tangibles.

 

Voici quelques exercices solitaires...

NARRATION
1. 3 mots
Choisissez 3 mots et intégrez dans une courte histoire racontée à haute voix

2. Narration avec une syllabe par pas.
Un peu plus difficile, car il faut trouver le rythme.

PERSONNAGE

3. Faire une vingtaine de pas avec un monologue de personnage
Se retourner à bout de 20 pas et changer de personnage du tout au tout

4. (133) Du coq à l’âne (Même chose mais assis sur une chaise, en minimisant les temps de transitions entre deux personnages.

5. Manipuler des objets dans un lieu donné.
Exemple : Ranger la cuisine.

CORPOREL

6. Se déplacer le plus lentement possible en utilisant le maximum de parties du corps

7. (107) Enchaîner des figures avec son et mouvement.
Il faut être parfaitement investi et présent pour éviter l’ennui

8 Même exercice entrecoupé de pauses

9 Même exercice, mais se concentrant sur son regard qui accompagne les mouvements.

10 Ne se déplacer et parler que sur l'expiration. Être immobile lorsque l’on inspire.

INSPIRATION et CORPOREL

11. Les mots parachutes
Proférer un mot pendant l’expiration. Ne pas proférer le premier qui vient à l’esprit, annoncer le troisième.
Attendre que les mots apparaissent doucement sans forcer l’inspiration comme s’ils atterrissaient doucement avec un parachute.

Libre à vous d'adapter d'autres exercices, l'essentiel étant de ne pas réveiller votre censeur et de vous amuser.

S'entraîner en solitaire
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21 mars 2015 6 21 /03 /mars /2015 15:19

Il existe une forte analogie entre l’écriture d’un livre et le processus de l’improvisation. Beaucoup plus de « chef-d’œuvre » contrairement à que l’on pourrait croire ont été écrits sous l’emprise de la fée de l’impro, dicté en quelque sorte par un « imprompteur ». Ces livres ont été écrits dans un premier jet avec une précision remarquable, à grande vitesse, dans un état de grâce qui ressemble sans doute à celui que nous ressentons dans une bonne impro. La vitesse d’écriture permet à l’écrivain toute absence de jugement et le pousse à aller de l’avant sans revenir en arrière.

J’ai raconté la création du « Joueur » de Dostoïevski dans un message précédent.

Voici d’autres aventures littéraires concernant des livres marquants.

Stevenson écrit ce best-seller de la littérature mondiale en 3 jours, puis une nouvelle version améliorée en 2 jours après les remarques de sa femme, puis dans les deux mois suivants, il fignole et termine.

Stephen King ne sait pas à l’avance de quoi sera fait son premier jet. Il préfère cette façon de faire car en tant qu’auteur à suspense, ne pas savoir à l’avance ce qu’il va écrire lui permet de maintenir la tension. Quand il parle de premier jet, il le définit comme un fossile à découvrir. Il a écrit son livre « The running man » en un premier jet de 2 jours.

  • Ray Bradbury « Fahrenheit 451 »

La première version a été écrite en 9 jours. La plupart de sa vie, il s’est tenu à une histoire par semaine.

  • Jack Kerouac : « Sur la route »

Il achète un rouleau de papier d’une trentaine de mètres qu’il glisse dans sa machine pour garder la cadence. Il écrit son livre pendant 3 semaines sans discontinuer en prenant cafés et drogues de toutes sortes pour tenir le coup.

Dans la même veine, on pourrait citer Tchekhov, Steinbeck, Asimov… La plupart des écrivains ne vont pas se vanter de leur exploit. Ils parleront plutôt de l’effort, de l’artisanat de l’écriture et de polissage final. Les écrivains américains sont peut-être moins pudiques que les Européens et parlent plus volontiers de leur processus d’écriture.

Quelques grandes impros de la littérature
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7 mars 2015 6 07 /03 /mars /2015 12:37

La notion de décalage et des capacités d'abstraction des joueurs leur permettent de transformer une situation d'apparence banale en une histoire à plusieurs dimensions. L'élévation du niveau d'abstraction (exemple : La capacité de transformer une histoire banale en un conte) permet de laisser libre cours à l'imagination du public.

Un symptôme possible d'un manque de capacité d'abstraction : le recours systématique aux histoires de séduction ou de sexe composant la plupart des improvisations réalisées par une troupe. L'art du décalage permet de varier le jeu et de susciter la curiosité du public. Voici quelques exercices me paraissant de nature à développer ces compétences.

Ces exercices sont tirés du Manuel d'impro et de 300 exercices.

Manuel d'impro

4 Enigme avec deux mots

28 Je suis un

30 L'expert

33 Le traducteur

48 Auditive

53 Offre aveugle
Le fait d'improviser à l'aveugle en laissant planer les mystères...

60 Méli Mélo

72 Le goût du détail

Les détails spécifiques (personnage, lieux, objets...) paradoxalement, ouvrent plus de perspectives que les généralités.

80 En vrac

82 L'analogie

84 Ralenti commenté

90 Happening

93 Dîner d'animaux

94 Un jour dans la jungle

97 Histoire à étapes

99 Ballade au clair de lune

300 exercices

12 Un objet pour un autre

121 la fabrique d'images

126 CEPRE

126+ CEPRE à l'envers

Énoncer les 5 à 6 étapes de la structure d'une histoire, mais à rebours en partant de l'épilogue.

188 La sauterelle qui avait une jambe de bois

Un policier qui rêvait d'être moine,un chevalier qui avait perdu ses chaussettes, un déménageur qui avait une sucette à la bouche... Dans chaque improvisation., il devrait y avoir un personnage décalée : une sauterelle.

218 Punch-accessoires

Bonus : La vie est comme...

Énoncer des phrases susceptibles de développer le sens des métaphores. Ces phrases simples peuvent éclairer une fin d'impro ou susciter un démarrage.

Exemple : "La vie est comme... Une timbale"

Autres thèmes: L'amour, l'absence...

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8 février 2015 7 08 /02 /février /2015 22:10

Le nom que je me suis donné pour illustrer cette technique est le « marquage à la culotte » en souvenir de mes années de football. En tant que gardien, je devais veiller à ce que les arrières marquent leurs attaquants dans la surface de réparation. Cette technique très proche de celle du miroir, mais moins exigeante, permet des résultats spectaculaires.

- Elle développe l’écoute et l’esprit de groupe avec grande efficacité.

- Elle est très pédagogique du point de vue des principes de l’impro.

- Elle libère les joueurs de la crispation de trop bien faire.

- Elle facilite le lâcher-prise.

- Elle offre toute liberté d’initiatives aux joueurs en suiveur ou meneur.

- Elle est source d’effets comiques.

- Elle génère des effets impressionnants et purement improvisés.

La technique du « marquage à la culotte » consiste à suivre un joueur au plus près, dès que celui-ci introduit une proposition de mouvement, de son ou de parole. On ne cherche pas à synchroniser les gestes à l’identique, ce qui nécessite lenteur et concentration comme dans la pratique du chœur. On suit au plus près, et l’on répète tout ce que l’on a pu enregistrer des suggestions de l’autre dès que possible. Les déclinaisons de cette technique sont nombreuses. En voici trois.

1. Mouvement : Exercice du « Trio miroir »

Un joueur A effectue un mouvement, aussitôt les autres joueurs suivent à l’identique réalisant le même mouvement. Le joueur A se fige et aussitôt un joueur B prend l’initiative pour être aussitôt suivi des autres joueurs…

2. Verbal (léger) ; Exercice « Anamorphrases »

Un joueur commence à proférer une phrase définie à l’avance sur le ton et l’impulsion de son cru. Aussitôt, dès la première syllabe, les autres joueurs entonnent la même phrase en chœur et sur le ton introduit par A.

3. Narration verbale : Exercice 132 « Deux en un »

Deux joueurs assis sur un banc. Ils sont tour à tour leader ou suiveur. Le joueur B prononce toutes les phrases dites par le joueur A et réciproquement.

Ces techniques maîtrisées, l’audience a le sentiment d’avoir affaire à un groupe unique, ou à un monologue, alors que les responsabilités sont partagées par tous.

Le "marquage à la culotte"
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15 novembre 2014 6 15 /11 /novembre /2014 12:18

Il existe de nombreuses analogies entre les techniques d'improvisation et l'écriture. Deux exemples en vrac :

- Au XIXème siècle, nombre d'écrivains écrivaient des feuilletons dont ils inventaient les péripéties au jour le jour.

- Fréquemment les auteurs se disent possédés par leur personnage et vont même parfois jusqu'à imaginer des techniques pour ne pas se laisser envahir.

Un écrivain "improvisateur" est Dotstoïevski, dont l'histoire la plus connue dans la littérature est celle du "Joueur". Après un défi avec son éditeur, il le dicta en 27 jours, debout, à sa future femme. Le livre comporte un peu plus de 50000 mots. Les dernières traductions comme celle de Markowizc évitent l'enjolivement du texte en tentant de lui restituer sa forme primitive. On écoutera cette belle émission de radio sur l'adaptation au théâtre de l'écriture brute de fonderie de Dotstoïevski.

Ecrire vite fait partie du processus. Pourquoi? Parce que la vitesse d'écriture permet de contourner le propre jugement de l'auteur, prompt à voir des erreurs de grammaire, d'orthographe, de logique... Cette idée est mise en exergue par un évènement planétaire créé aux Etats-Unis : le Nanowrimo (National Novel Writing Month). C'est un concours ouvert à tous quelque soit sa langue et son pays (voir France). Le jeu consiste à écrire un roman de 50000 mots pendant le mois de novembre. Chris Baty, un des fondateurs de cet évènement -notant que seulement 17% des participants arrive au bout- le présente ainsi dans "No plot, no problem".

"Une exubérante imperfection vous encourage à écrire sans esprit critique, à expérimenter, à casser les règles immémoriales de l'écriture, juste pour voir ce qui se passe. Dans un premier brouillon, rien n'est permanent, et tout est réparable. Alors restez libre et flexible, et garder vos ambitions au plus bas." Autrement dit, l'écriture au cours de cet évènement est rapide et les relectures sont à proscrire. On y perdrait trop de temps et on prendrait le risque de réveiller le censeur et comme dans une improvisation théâtrale, on ne revient pas en arrière.

De Dotstoïevski au Nanowrimo
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Published by improse
1 novembre 2014 6 01 /11 /novembre /2014 19:59
Impro on the edge
Impro on the edge

J'ai beaucoup appris avec Ruth Zaporah, ces dernières années. Ses techniques offrent des pistes d'exploration inépuisables. J'étais donc curieux de son livre autobiographique "Improvisation on the edge". Il renferme nombre de citations et peut se lire plusieurs fois. Comme lors de ses stages, où les participants ne cessent de prendre des notes pendant les pauses.

Dés le début du livre, elle aborde le thème récurrent de la pression de la scène, lors de l'improvisation - (extraits: Do Nothing)-. Ne rien faire est un premier point de départ, injonction analogue à celle de Keith Johnstone "N'aie pas peur d'être ennuyeux (Be more boring)". L'effort signifie être dans un mode d'urgence, sous l'emprise du doute et de la confusion. Être plus disponible, prêt à se laisser mener par la fée de l'impro, plutôt que vouloir contrôler de bout en bout. La tranquillité qui habite l'acteur va nourrir la scène, plutôt que l'appauvrir. Plus facile à dire qu'à faire, diriez-vous avec raison. Mais grâce à l'investissement corporel, même à travers l'immobilité, l'expérience montre que le mental se se fait plus discret.

A bientôt quatre-vingt ans, cette athlète de l'impro est en excellente forme, même si elle veille à se ménager pour donner le meilleur à ses stagiaires et à son public. En tant que professeur d'impro, elle adopte un "coaching positif" et part du point de vue que le jeu des partenaires est toujours parfait. Sa méthode est exigeante selon elle et nécessite une pratique régulière, seul(e) ou en groupe. Si Ruth a dansé, improvisé et joué depuis plus de quarante ans, elle a pratiqué la méditation, mais se défend de continuer à le faire sous la forme la plus usitée. C'est un des traits de sa personnalité : rayonnante et d'une grande indépendance d'esprit, elle semble s'être affranchie de toute pensée dogmatique. L'improvisation est sa façon d'intégrer toutes les pratiques citées ci-dessus en une forme unique et universelle. Elle a nommé cette manière d'aborder l'impro "Action Theater".

Le livre est écrit à deux mains et agréable à lire, surtout lorsque l'anglais n'est pas sa langue maternelle. Je l'ai lu d'un trait afin d'en faire ce bref compte rendu. je vais désormais pouvoir le relire à tête reposée.

Ruth Zaporah est à l'honneur ces temps-ci en première page d'un livre Landscape from the now qui fait le point sur le "mouvement improvisé". Insigne honneur qui montre l'originalité de son parcours. Pourtant, ce n'est pas de la danse, ni de la danse-contact qu'elle pratique. C'est bien de l'improvisation théâtrale, difficile à mettre en boîte et à classifier, de l'impro totale qui allie corporel et narratif.

Universelle impro : autobiographie d'une improvisatrice
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